Viroses végétales ou phytovirus
Article publié , mis à jour . Laurent PAGE.Les viroses constituent une réelle menace pour les cultures maraîchères et horticoles de nombreuses régions du globe. L'on recense à l'heure actuelle plus d'un millier de phytovirus, qui parasitent une grande diversité de végétaux.
Les symptômes des viroses végétales
Les symptômes des viroses végétales sont extrêmement variables. L'expression de ces symptômes est fonction des variations climatiques, de l'espèce infectée, de sa physiologie et de son état sanitaire. L'un des symptômes les plus caractéristiques des viroses est la mosaïque du feuillage, qui se traduit par une décoloration des jeunes feuilles. Ce symptôme est parfois associé à une déformation des feuilles, qui peuvent, rétrécir, se gaufrer, devenir cloques ou filiformes. Le jaunissement des feuilles âgées est également un symptôme d'une attaque virale.
Les viroses peuvent conduire aussi à une nécrose de différents organes du végétal, incluant les fruits, les tiges, les feuilles ou les fleurs. Ces nécroses sont dans la plupart des cas associées à un dépérissement généralisé de la plante. Au final, ces viroses conduisent toutes à un ralentissement de la croissance qui se traduit par une baisse significative du rendement de la culture. Les viroses affectent également la qualité de la récolte en altérant l'aspect visuel des fruits et légumes. Ceci se concrétise par une réduction de la qualité commerciale de la récolte.
Structure des phytovirus
Les virus comptent parmi les organismes vivants les plus rudimentaires. La plupart des phytovirus se résume en un acide nucléique protégé par une carapace. L'acide nucléique porte l'information génétique du virus. La carapace est, quant à elle, constituée de protéines. En fonction du type d'acide nucléique, on distingue deux catégories de phytovirus, à savoir les virus à ADN et les Virus à ARN. Les virus ne peuvent survivre en dehors d'un organisme vivant. Ce sont exclusivement des parasites. Ils ne peuvent également se reproduire eux-mêmes. Pour se multiplier, ils se servent de la machinerie des cellules, qu'ils infectent.
Caractéristiques des phytovirus
Les phytovirus possèdent 3 particularités essentielles:
- Les viroses végétales sont incurables une fois que la maladie s'est installée dans un champ. Aucun remède chimique efficace n'existe contre les viroses végétales. Les plantes infectées conserveront le virus dans leurs tissus jusqu'à leur mort.
- Ce sont les cellules hôtes qui se chargent de multiplier les virus qui les parasitent. Les phytovirus peuvent infecter toutes les parties d'une plante. Seuls les méristèmes (cellules non différenciées) des bourgeons échappent à leur invasion. Ils sont le plus souvent la cause de maladies généralisées.
- Les virus ne peuvent survivre que dans une plante vivante. Ils sont détruits dès que la plante meurt. Ils requièrent également des agents externes pour se propager d'un végétal à un autre.
Mode de propagation des phytovirus
Les phytovirus disposent de deux modes de disséminations, dont la transmission verticale et la transmission horizontale.
La transmission verticale
Il s'agit de la transmission du virus d'une plante vers sa descendance. Cette transmission s'effectue par différentes voies. On a ainsi la transmission par les graines, les boutures, les bulbes, les tubercules, les greffons et même par le pollen pour quelques virus. Ceci s'explique par le fait que les virus diffusent dans tous les organes du végétal.
La transmission horizontale
La transmission verticale est la transmission du virus d'une plante à une autre par l'intermédiaire d'agents extérieurs appelés vecteurs de virus. Ces vecteurs sont pour la plupart des déprédateurs de la plante virose. En se nourrissant sur la plante infectée, ils prélèvent les virus. Lorsqu'il change de plante, il infecte la nouvelle plante sur laquelle il se nourrit.
Les vecteurs de virus
Les organismes qui propagent les phytovirus sont divers et variés. On y retrouve des vecteurs aériens tels que les acariens et les insectes, de même que des vecteurs souterrains tels que les nématodes et les champignons. Le groupe des insectes piqueurs-suceurs constitue le plus grand groupe de vecteurs de virus. C'est le cas des cicadelles, des puces, des pucerons, des thrips et des aleurodes. Dans la plupart des cas, un virus n'est transmis que par un unique vecteur.
Lutte contre les viroses végétales
La lutte contre les maladies virales, qui affectent les plantes cultivées, est essentiellement préventive. Cette lutte s'effectue de trois façons:
Utilisation de matériel végétal exempt de virus
Cette stratégie de lutte est essentielle pour les plantes multipliées de façon végétative. Divers traitement existent pour extirper les virus des boutures, des tubercules, des greffons et des graines. On utilise à cet effet, un traitement thermique. Ces parties végétales sont soumises à des températures déterminées pendant un laps de temps. La chaleur conduit à une destruction des phytovirus. L'autre voie est la régénération par culture de cellules méristématiques. Comme dit plus haut, ces cellules sont exemptes de virus. Leur culture en laboratoire permet d'obtenir des plants sans virus.
Élimination des sources de virus
L'une des méthodes de lutte contre les viroses consiste à cibler les vecteurs. Cette lutte consiste à utiliser divers moyens de lutte pour empêcher que les plantes ne soient contaminées. Elle inclut aussi bien la lutte biologique, la lutte chimique et la lutte intégrée contre les vecteurs et les plantes réservoirs de virus. Les abords des champs devront être nettoyés et le sol sera désinfecté. Les outils agricoles devront également être désinfectés.
Utilisation de la résistance variétale
Le développement de variétés résistantes est la voie la plus prometteuse. Elle consiste à sélectionner des variétés tolérantes ou résistantes à un type donné de virus. Cette sélection fait le plus souvent appel aux écotypes sauvages des plantes cultivées. On peut également greffer une variété sensible sur un porte-greffe résistant pour lutter contre une virose donnée.