Le macabo ou taro
Article publié , mis à jour . Laurent PAGE.Le macabo, Xanthosoma sagittifolium est une plante apparentée au taro. Toutes deux sont des monocotylédones appartenant à la famille des Aracées. La plante provient de l'Amérique centrale et des caraïbes.
Le macabo est reconnaissable par ses feuilles longuement pétiolées dont l'aspect rappelle celui des oreilles de l'éléphant. Les pétioles du macabo sont épais, rigides et longs. Ces feuilles engainantes se prolongent jusqu'à la base de la tige. Le rhizome tubéreux et farineux a un aspect rosâtre ou blanchâtre selon les espèces. Le tubercule principal, encore appelé corme, produit une dizaine de petits tubercules latéraux appelés cormels.
Exigences écologiques
Le macabo se plaît dans les climats chauds et humides. Sa température optimale de culture est supérieure à 20 °C. Très sensible au gel, le macabo meurt en dessous de températures inférieures à 10 °C. La pluviosité idéale pour sa culture se situe entre 1500 et 2000 mm de pluie. Le macabo pousse mieux sur des sols profonds et légers, riches en matière organiques. Les sols légèrement acides dont le pH se situe entre 5,5 et 6,5 lui conviennent parfaitement. Très rustique, le macabo peut s'accommoder de la salinité et des sols hydromorphes.
Culture
Le macabo est généralement cultivée en plein champ en association avec d'autres cultures telles que le maïs, l'igname et les plantes potagères. La monoculture existe également. Dans ce cas, il entre dans une rotation culturale dans laquelle on peut retrouver, le riz irrigué, le maïs, l'igname, le manioc. Le macabo peut être associé en culture intercalaire avec des plantes pérennes telles que le colatier, le cacaoyer, le caféier ou le bananier.
Préparation du sol
Il faudra penser à ameublir le sol en pratiquant un labour profond ou en faisant des buttes idéalement. La culture à plat exige de creuser des trous pour recevoir les plants. Une profondeur de labour de 30 cm sera effectuée à cet effet.
Multiplication
Le macabo se propage de façon asexuée par bouturage. On peut utiliser les bourgeons latéraux se formant à la base de la tige, ou les fragments de la corme et des cormels ou bien des tubercules entiers. Généralement, les cultivateurs utilisent de petits tubercules et des semenceaux provenant de la fragmentation de la partie apicale d'un tubercule de taille plus importante. Il faudra veiller à utiliser des semenceaux dont le poids dépasse 150 g, car des études ont démontré que des boutures plus petites provoquent une chute de la production.
Plantation
Les boutures seront mises en terre dès le démarrage de la saison des pluies. On pourra enterrer les boutures dans des trous de 10 à 15 cm de profondeur, dans des buttes ou des billons. Il faudra, cependant veiller à ce que la partie du semenceau, qui porte l'œil ou le bourgeon soit orientée vers le haut et dépasse légèrement le niveau du sol. On pourra semer à une distance de 80×80 cm, pour une densité de peuplement de 15000 pieds/ha.
Défense des cultures
Un à deux sarclages sera (seront) effectué(s) durant les 3 premiers mois afin de limiter la concurrence avec les adventices. Après cette période, la couverture du sol par les larges feuilles du macabo suffit pour empêcher la croissance des mauvaises herbes. Le macabo a peu de ravageurs redoutables. Il est attaqué par des ravageurs secondaires tels que Planoccoccus citri, Aphis gossypii et Spodoptera littoralis. Une pulvérisation à base de deltaméthrine suffit pour venir à bout de ces insectes. La pourriture des racines causée par Pythium myriotylum peut être contrôle par une pulvérisation à base de metaxyl.
Fertilisation
Un apport d'engrais organique (fumier) ou d'engrais minéraux est recommandé. On appliquera ainsi par hectare, 100 kg de potassium, 65 kg d'azote et 50 Kg de phosphates.
Récolte
La récolte intervient en général lors de la saison sèche. On peut récolter les cormels dès que les feuilles commencent à flétrir et à se dessécher. La phase de végétation peut s'étaler entre 5 et 12 mois en fonction des variétés. On fouille délicatement avec un bâton autour de la corme principale pour repérer les cormes secondaires. Ceux qui sont bien développés sont arrachés de la corme principale par cassage. Finalement on rebouche le trou afin de laisser les cormels immatures poursuivre leur développement. On peut retarder la récolte afin d'avoir des tubercules plus gros. Le rendement du macabo tourne généralement autour de 20 tonnes de tubercules par hectare.
Consommation
Contrairement au taro dont la corme principale est comestible, celle du macabo est impropre à la consommation humaine du fait de sa structure fibreuse. Elle est, de ce fait, réservée à l'alimentation du bétail. Ce sont les cormes secondaires ou cormels, qui sont consommés. Ce légume tubercule se cuisine de façon identique à la pomme de terre. Les cormels peuvent être frits, bouillis, braisés, ou réduits en purée. Le macabo cuit peut être écrasé ou pilé pour donner du foufou ou du foutou, qui se mange accompagné d'une soupe. Les feuilles et les pétioles se consomment comme légume-feuilles et entrent dans la confection de soupes et de diverses sauces.